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masque [2]

nm (ma-sk')
  • 1Faux visage de carton peint, etc. dont on se couvre la figure pour se déguiser. Je vous invite ce soir à mes noces. - Je n'y manquerai pas ; et je veux y aller en masque, afin de les mieux honorer. [Molière, Le mariage forcé] Vous faisiez, Henri III, mille grimaces : aller en masque le mardi gras, et, le jour des Cendres, à la procession en sac de pénitent. [Fénelon, t. XIX, p. 397] Le masque donne une certaine hardiesse, façon d'insolence qui ne me déplaît pas, et qui est assez dans mon caractère. [Dancourt, Second chap. du Diable boit. I, 4] Ce n'est point dans ce sens propre que Malherbe prenait le mot de masque lorsqu'il disait qu'à la cour il y avait plus de masques que de visages. [Dumarsais, Tropes, part. I, art. 6] ...Un masque à mes yeux dérobait son visage. [Ancelot, Fiesque, III, 5]

    Lever le masque à quelqu'un dans une mascarade, soulever son masque pour chercher à le reconnaître. Mais sans vous faire outrage, Peut-on lever le masque, et voir votre visage ? [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps]

    Le masque de fer ou l'homme au masque de fer, mystérieux prisonnier d'État du règne de Louis XIV. Je suis assez instruit de l'aventure de l'homme au masque de fer, mort à la Bastille ; j'ai parlé à des gens qui l'ont servi. [Voltaire, Correspondance]

    Masques à domino, masques qui n'ont pas de menton, et sont coupés à la hauteur de la lèvre supérieure.

    Fig. Faire un masque à quelqu'un, lui jeter au visage quelque chose qui le barbouille. Il prit de la boue et lui en fit un masque.

    Faire un masque, se dit aussi simplement d'une chose que l'on jette contre la face de quelqu'un. Mais, ma foi, si jamais chez nous vous revenez, Je vous fais de la porte un masque sur le nez. [Regnard, Les Ménechmes]

    Ancien terme militaire. Lever le masque d'une batterie, la découvrir. On dit aujourd'hui démasquer une batterie.

  • 2Morceau de velours noir où l'on fait un nez et deux yeux, dont les dames se couvraient le visage. Les dames n'ont commencé à porter des masques que sur la fin du seizième siècle. De peur du hâle elle portait deux masques, L'un de peinture et l'autre de velours. [Maynard, Épigr.] Ses coiffes d'où pendait au bout d'une ficelle Un vieux masque pelé presque aussi hideux qu'elle. [Boileau, Satires]
  • 3 Terme d'escrime. Armure de fil de fer, à mailles très serrées, et garnie de peau, qu'on se met sur le visage quand on fait des armes, pour le protéger contre les coups de fleuret.
  • 4 Terme d'antiquité. Masque de théâtre, masque aux traits gigantesques qui couvrait la figure et une partie de la tête. Masque tragique, comique, etc. Les grands, pour la plupart, sont masques de théâtre ; Leur apparence impose au vulgaire idolâtre. [La Fontaine, Fables] Eschyle dans le choeur jeta les personnages, D'un masque plus honnête [que la lie dont Thespis se barbouillait] habilla les visages. [Boileau, L'art poétique] La tragédie employa le masque presque au moment où elle prit naissance ; on ignore le nom de celui qui l'introduisit dans la comédie. [Barthélemy, L'atlas du Voyage du jeune Anacharsis] Les masques, dont il est permis de changer à chaque scène, et sur lesquels on peut imprimer les symptômes des principales affections de l'âme, peuvent seuls entretenir et justifier l'erreur des sens, et ajouter un nouveau degré de vraisemblance à l'imitation. [Barthélemy, ib.]
  • 5Caractère de la physionomie, en parlant des acteurs. Cet acteur a un bon masque, le masque mobile, un masque comique, etc.

    Nom d'une ancienne sorte de représentation théâtrale. L'Angleterre ne possédait alors (1720) que les masques, genre de spectacle d'une pompe extraordinaire et bizarre, un ensemble de musique, de danses, de constructions improvisées, de peintures, de festins, de scènes parlées ou mimées entre des personnages allégoriques, accoutrés avec un luxe prodigieux. [C. Blaze, Hist. de l'opéra italien, IV, p. 110]

  • 6Personne masquée. Aller voir les masques. Quoi ! masques toute nuit assiégeront ma porte ! [Molière, L'étourdi, ou Les contretemps] Bonjour, beau masque, vous me voyez à visage découvert, et vous ne me connaissez pas ; vous êtes masquée, et je vous connais. [Dancourt, les Fêtes du Cours, sc. 5]

    Fig. Je vous connais, beau masque, se dit à quelqu'un que l'on reconnaît sous le masque, ou, figurément, dont on pénètre les vues, les intentions. Je lui criai : masque, je te connais. [Voltaire, Hypocr.] Je vous reconnais, beau masque : c'est de vous cela. [Diderot, Salons de peinture]

  • 7Terre préparée et appliquée sur le visage de quelqu'un pour en prendre le moule. Buste fait d'après un masque.
  • 8 Terme de peinture et de sculpture. Visage séparé du reste du corps, dont les traits sont ordinairement chargés, et qu'on met quelquefois dans les ornements de ces deux arts. On a mis des masques à toutes les clefs de ces arcades.
  • 9 Fig. Fausse apparence. La vertu.... Sert aux jeunes de masque, aux plus vieux de risée. [Régnier, Épîtres] Et ce masque trompeur de fausse hardiesse Nous déguise sa crainte et couvre sa faiblesse. [Corneille, Nicomède] Et le masque est levé de votre trahison. [Molière, Dom Garcie de Navarre, ou Le prince jaloux] Vous voyez sous quel masque de sympathie et de rapports de sentiments je me déguise pour lui plaire. [Molière, L'avare] Il [Harlay] se piqua surtout de probité et de justice dont le masque tomba bientôt. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon] Cette conduite [de la cour de France s'alliant avec les protestants du dehors et faisant la guerre à ceux du dedans] prouve assez manifestement que le zèle de la religion n'a jamais été dans les cours que le masque de la religion et de la perfidie. [Voltaire, Essai sur les moeurs et l'esprit des nations et sur les principaux faits de l'histoire depuis Charlemagne jusqu'à Louis XIII] C'est trahir à la fois sous un masque hypocrite Et le Dieu qu'on préfère et le Dieu que l'on quitte. [Voltaire, Alzire, ou Les américains] La nature ne porte qu'un voile, nous lui donnons un masque ; nous la couvrons de préjugés, nous supposons qu'elle agit, qu'elle opère comme nous agissons et pensons. [Buffon, Animaux carnassiers.] D'un masque saint ils couvrent leur vengeance ; Rougiraient-ils devant ma probité ? [Béranger, Chansons] Et quand l'honneur n'est plus, ma vertu désormais Est d'en offrir au moins et le masque et les traits. [Briffaut, Ninus II, IV, 10]

    Absolument. Quelque graves et dissimulés qu'ils soient, à la première alarme le masque leur tombe à terre. [Guez de Balzac, Des ministres et du ministère] Je me réjouis donc d'avoir trouvé un visage parmi tant de masques et de pouvoir embrasser quelque chose de sensible et de véritable. [Guez de Balzac, Correspondance] Mettre bien la franchise et la feinte en usage, Porter tantôt un masque et tantôt un visage. [Rotrou, Venceslas] Au travers de son masque on voit à plein le traître ; Partout il est connu pour tout ce qu'il peut être. [Molière, Le misanthrope] Je vais par des douceurs, puisque j'y suis réduite, Faire poser le masque à cette âme hypocrite. [Molière, Tartuffe, ou l'imposteur] Mais au moindre revers funeste Le masque tombe, l'homme reste, Et le héros s'évanouit. [Rousseau J.-b. Odes et poésies diverses]

    Lever le masque, parler franchement, paraître tel qu'on est en effet, ne plus se déguiser, mettre au jour ce qu'auparavant on avait tenu caché. Ce fut là qu'il leva le masque et qu'il se donna en proie à toutes ses passions. [Vaugelas, Q. C. liv. VI, dans RICHELET] Quoi ! si la déloyale enfin lève le masque, Oses-tu te fâcher d'être désabusé ? [Corneille, Mélite] De l'artifice enfin il faut bannir l'usage, Il faut lever le masque et montrer le visage. [Rotrou, Venceslas] Il faut lever le masque et.... découvrir à vos yeux les véritables sentiments de mon coeur. [Molière, La princesse d'Élide] Ne levez point le masque, et ne vous chargez point d'avoir une haine à soutenir. [Sévigné, 58]

    Arracher, ôter le masque à quelqu'un, faire connaître sa fausseté, sa perfidie, etc. Eh quoi ! lorsqu'autrefois Horace, après Lucile, ....Allait ôter le masque aux vices de son temps. [Boileau, Satires]

    Être toujours en masque, faire toujours paraître d'autres sentiments que ceux que l'on a.

  • 10 Terme de médecine. Nom donné quelquefois, dans la description des maladies, à l'aspect offert par tout le visage.

    Masque des femmes en couches, bouffissure et teinte particulière que prend le visage pendant les derniers temps de la grossesse et de la durée des couches. Cette femme a le masque.

  • 11 Terme de botanique. Fleurs en masque, fleurs personnées.
  • 12 Terme de marine. Rempart de toile élevé sur le pont d'un navire pour abriter la cheminée (Jal fait ce mot féminin).

    Sorte de revêtement en croûte de chêne ou de sap, que l'on établit devant les parties supérieures, devant la poupe et la poulaine des bâtiments en construction, afin d'abriter ces parties contre la pluie et le soleil.

    Grand plan de bois que l'on met à l'arrière d'un navire qu'on lance à l'eau, pour retarder son erre et empêcher qu'il n'aille se briser contre le quai voisin.

    Abri que l'on obtient soit fortuitement, soit à dessein sur une côte.

  • 13Petit ciseau gravé en creux ou en relief, dont les arquebusiers, les armuriers et d'autres artisans se servent pour leurs ciselures.
  • 14Lèvre inférieure des larves ou nymphes des libellules.
  • 15Genre de coquilles univalves. Le masque grimace dit vulgairement la grimace, la bossue qui était le murex anus de Linne.
  • 16Demi-masque noir, espèce de fauvette.

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2.
17 Terme de guerre. Masse couvrante derrière laquelle sont abrités des travailleurs, ou disposée en certains points d'un ouvrage de fortification pour boucher une trouée, pour abriter un passage.
18Pointe d'une digue. Lors de la révolution, les ouvrages [de deux digues] furent absolument abandonnés : si on avait pu prévoir cette circonstance, on aurait donné aux masques la solidité convenable pour résister aux événements. [Bremontier, Rech. sur le mouv. des ondes, p. 99]
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